L’empreinte carbone du packaging de luxe est un indicateur qui mesure la pollution induite par la fabrication, le transport, l’utilisation et la fin de vie de l’emballage des produits. La réduire, c’est donc contribuer à réduire l’impact environnemental. Un sujet urgent, mais qui n’est pas toujours simple à appréhender pour les marques. Explications.
Une nécessité, mais aussi des enjeux techniques complexes pour les marques de luxe
Il n’y a aucun doute sur la nécessité des marques de luxe à adapter leur processus de fabrication pour tendre vers des démarches plus durables et respectueuses de l’environnement. Pourtant, ce travail peut parfois prendre des années de recherche, tant sur les matériaux que sur les procédés utilisés. On parle d’ailleurs de « politique des petits pas » pour désigner ces efforts, louables et utiles, mais qui nécessitent de gros efforts industriels et logistiques.
Si l’emballage de luxe se distingue par la rareté et le prestige qui s’expriment par la qualité et la multiplicité de ses compositions, la finesse de ses textures, ses encres, ses vernis, le surdimensionnement de ses volumes, surfaces et épaisseurs, il doit aussi s’adapter aux nouveaux besoins. C’est ainsi que les packagings Louis Vuitton sont composés de pâtes à papier vierges et recyclées labellisées FSC (Forest Stewardship Council). Les housses feutrines qui protègent les produits Louis Vuitton sont en coton labellisé BCI (Better Cotton Initiative). Ce programme vise à transformer la filière du coton dans le monde entier, tant sur le plan environnemental que social. En parallèle, la marque investit dans des activités visant à réduire sa consommation d’énergie. Ainsi, l’ouverture ou la rénovation de magasins a été l’occasion de déployer l’éclairage LED ou d’améliorer la performance des systèmes de chauffage et de climatisation.
Dans le monde des cosmétiques, un autre exemple flagrant est celui du tube de rouge à lèvres : pour 3 à 4 grammes de produit utilisable, l’emballage pèse généralement 20 à 35 grammes, soit 7 à 10 fois plus d’emballage que de produit. À la fin de sa vie relativement courte, l’utilisateur se débarrasse d’un objet sophistiqué, composé de carton, de papier, plastique, de métal, de finitions soignées, de colle, de lubrifiant, et parfois d’aimants (contenant des terres rares, limitées et très polluantes). Et il serait irréaliste d’imaginer trier ces matériaux chacun dans sa propre filière de recyclage – qui n’existe d’ailleurs pas toujours.
Les bonnes pratiques pour réduire l’empreinte carbone du packaging de luxe
Aujourd’hui, concevoir un emballage écoresponsable impose de réfléchir avant tout à son intégration dans l’économie circulaire. C’est un sujet qui concerne toute la chaîne de valeur du packaging de luxe d’un point de vue holistique, de la supply chain au choix des matériaux en passant par la localisation des sites de production et de distribution.
L’analyse du cycle de vie du packaging
L’analyse du cycle de vie (ou ACV) est une méthode d’évaluation étape par étape utilisée pour concevoir des produits plus respectueux de l’environnement. On peut la voir comme un audit en profondeur de tous les flux et impacts autour de la production du packaging de A à Z. Cela passe par toutes les étapes du cycle de vie, de l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication, mais aussi la distribution, l’utilisation, la collecte et l’élimination vers les filières de fin de vie ainsi que toutes les phases de transport. Ce travail se veut exhaustif afin de connaître les impacts engendrés sur l’environnement.
- La naissance du packaging : extraction ou production et transport des matières premières, production, transport et assemblage des différents composants, emballage, transport du packaging fini et distribution.
- L’utilisation du packaging : transport, déballage, préparation et usage.
- La fin de vie du packaging : collecte, transport, valorisation (recyclage) et/ou élimination.
À chaque étape, constitue donc une empreinte carbone qui vient alourdir le montant total de CO2 généré par le packaging en question. L’ACV permet ainsi de faire une photographie à un moment donné afin de déterminer les points d’amélioration et de comparer les progrès réalisés dans le temps.
Diminuer la volumétrie des emballages
Il est possible d’économiser des ressources, et donc du CO2, en étudiant de près les dimensions de l’emballage. Lors de sa conception, on analyse la taille du conteneur en carton, le poids des matériaux des boîtes pliantes afin d’optimiser l’espace disponible sans entraver les éléments de base qui fournissent des informations et protègent le produit. De cette façon, un emballage adapté au produit réduit non seulement l’empreinte carbone liée à l’emballage, mais aussi les coûts de production et de transport. Pour cela, vous pouvez analyser la taille des étuis en carton, ainsi que le grammage des matériaux afin d’optimiser au maximum leurs dimensions.
Les livrables à plat permettent de réduire la place des emballages. Ce sont des solutions pratiques qui optimisent la logistique et qui permettent des économies en argent et en carbone. Ce sont des solutions de plus en plus demandées pour leur gain de place autant dans le transport que dans le stockage en magasin, tout en étant aussi solides et protectrices qu’un coffret dit monté.
Choisir des matières premières durables et d’origine certifiée
Les matériaux les plus utilisés dans les emballages sont le plastique, le papier ou le carton. Selon une étude réalisée par le CIEL (Center for International Environmental Law), pour fabriquer un kilo de plastique, 3,5 kg de CO2 sont émis dans l’atmosphère, ce qui ne fait qu’ajouter au problème posé par sa lente dégradation. De leurs côtés, le papier et le carton peuvent avoir une empreinte carbone réduite, voire neutre, s’ils sont obtenus de manière respectueuse de l’environnement. En ce sens, les certificats FSC et PEFC garantissent que l’extraction du bois et des matières premières dérivées respecte des critères de gestion durable tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Opter pour des matières premières certifiées participe à la réduction de l’empreinte carbone des emballages, car cela met en valeur les fournisseurs qui respectent l’environnement. N’oublions pas que la déforestation est la deuxième cause d’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Préférer des fournisseurs qui s’engagent en faveur de l’environnement
Les organismes de vérification délivrent des certifications et valident l’engagement environnemental des entreprises. En travaillant avec des fournisseurs et prestataires engagés, votre marque de luxe fait un choix clair en faveur de l’environnement. Parmi les labels à surveiller, on peut noter l’écolabel européen. Il s’agit d’un label qui atteste des qualités environnementales d’un produit répondant à la norme ISO 14024. Ce label respecte des exigences très précises prenant en compte les impacts environnementaux des produits tout au long de leur cycle de vie.
On peut aussi évoquer toutes les normes de la série ISO 14001 qui proposent un cadre que les entreprises peuvent appliquer pour mettre en place un système efficace de management environnemental. Pour la mettre en œuvre, il est essentiel de tenir à jour des procédures pour surveiller et mesurer régulièrement les principales caractéristiques de ses opérations qui peuvent avoir un impact environnemental significatif.
Réorganiser ses flux logistiques
Imaginez une marque de luxe française dont le packaging est constitué de carton et de bambou. Le carton vient d’arbres allemands et le bambou de forêts sud-coréennes. Ils sont ensuite acheminés en Chine pour la fabrication de l’emballage avant d’être envoyés en Pologne pour la gravure et l’impression, puis dans un entrepôt français pour la distribution. En réorganisant, simplifiant et regroupant les flux logistiques, il est possible de réduire considérablement l’empreinte carbone d’un packaging. Pour cela, on parle de nearshoring afin de rapprocher un site de production de son marché ou d’omnishoring pour diversifier la relocalisation dans des endroits différents. Au lieu d’avoir toutes ses usines dans un pays, on va rapprocher la chaîne de valeur, mais dans différents pays et avec différentes formes qui interviennent à tous les moments du cycle de vie de la fabrication.
Optimiser son transport
Le transport joue un rôle important dans l’émission de CO2. S’il n’est pas encore possible de s’en passer, les marques de luxe doivent assurer un taux de remplissage optimal des conteneurs pour ne pas transporter du vide. Elles peuvent aussi utiliser des moyens de transport moins polluants comme le train ou le bateau. Cela passe par la nécessité de mieux anticiper ses productions pour permettre un temps de transport plus long et donc souvent moins polluant.
Dans cet écosystème qui allie consommateurs, agences de design, fabricants, marques de luxe, partenaires, fournisseurs, transporteurs et sous-traitants, il est essentiel de mesurer chaque action pour déterminer les bons indicateurs de performance afin de prendre les bonnes actions pour piloter sa stratégie de développement durable appliquée au packaging dans le luxe.
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